Les formes de contraception dans le monde

En ce penchant sur cette question j’ai été très étonnée par les statistiques que j’ai pu trouver au niveau mondial. Les usages varient beaucoup d’un pays à l’autre, par exemple, la pilule et le préservatif masculin sont privilégiés dans les pays développés alors que la stérilisation féminine et la méthode numéro 1 de contraception au niveau mondial.
Le stérilet est très utilisé en Asie, surtout en Chine. Au Canada, Royaume-Uni, Nouvelle Zélande, la stérilisation masculine dépasse ou frôle les 20% ; alors qu’elle est utilisée par moins de 1% des français.

1. Synthèse des pratiques contraceptives :

1.1. Statistiques mondiales en net recul :

Au niveau mondial, la contraception, toutes méthodes confondues (masculine et féminine) n’est vécue que par 48% des femmes entre 15 et 49 ans et ce chiffre serait en net recul puisqu’il était de 63% en 2011 si l’on compare les rapports des Nations Unis de 2011 et de 2019.
Dans ces 48%, c’est la stérilisation féminine qui truste la première place avec 24%, suivie par le contraceptif masculin avec 21% puis le stérilet et la pilule à 17% et 16%.
Les écarts entre les pays les plus développés et les moins développés sont énormes, le taux global de contraception passe de 57% dans les premiers à seulement 30% dans les derniers. Dans ces pays les moins développés la contraception ne repose quasiment que sur la femme, sous forme de contraceptifs hormonaux.

1.2. Les chiffres par continent :

Afrique : Le taux de contraception est de seulement 29% et le top 3 des contraceptifs le plus utilisés est injection hormonale, pilule, implant et préservatif masculin à égalité.
Asie : Le taux de contraception est de 50% et le top 3 des contraceptifs les plus utilisés est stérilisation féminine, préservatif masculin, stérilet. En Chine il atteint presque 70%, la 3ème place mondiale derrière la Finlande et le UK.
Europe : Le taux de contraception est de 56% et le top 3 des contraceptifs les plus utilisés est pilule, préservatif masculin, stérilet.
Amérique latine : Le taux de contraception est de 58% et le top 3 des contraceptifs les plus utilisés est stérilisation féminine, pilule et préservatif masculin.
Amérique du Nord : Le taux de contraception est de 62% et le top 3 des contraceptifs les plus utilisés est pilule, stérilisation féminine et préservatif masculin.
Océanie : Le taux de contraception est de 49% et le top 3 des contraceptifs les plus utilisés est pilule, préservatif masculin et stérilisation masculine.

1.3. Des écarts qui étonnent :

Certains pays pourtant très proches en termes de niveaux de développements, de religion et de culture peuvent avoir des habitudes contraceptives très différentes :

USA vs Canada : La pilule est deux fois plus utilisée au Canada qu’aux USA, le préservatif masculin est trois fois plus utilisé au Canada qu’aux USA. A l’inverse, la stérilisation féminine et le stérilet sont 4 fois plus utilisés aux USA.
Des chiffres qui ne sont pas trop étonnants finalement quand on sait que Donald Trump avait décidé de supprimer la disposition de la contraception faisant partie de la loi de l’« Obamacare » qui obligeait les employeurs à couvrir dans leurs mutuelles les moyens de contraception de leurs salariées.

France vs Italie : La contraception est moins utilisée qu’en France avec un taux de 56% contre 64% alors que l’Italie a un taux de fécondité plus faible que celui de la France. En Italie, le préservatif masculin est à égalité stricte avec la pilule, à 19% chacun, alors qu’en France la pilule est largement privilégiée et le préservatif masculin ne dépasse pas 8%.

Royaume Uni, Nouvelle Zélande et Australie contre le reste du monde : Ces trois pays sont ceux qui utilisent le plus la stérilisation masculine. En Nouvelle Zélande plus d’un Kiwi marié sur quatre aurait pratiqué une vasectomie. Dans ces pays, la contraception ne doit pas reposer uniquement sur la femme et doit être partagée au sein du couple. Un principe que bizarrement on ne retrouve pas dans les pays scandinaves souvent cités pour leurs principes strictes d’égalité hommes/femmes.

 

2. Les règles de remboursements en France et dans les assurances expatriés :

2.1. En France :

Dans le cadre du parcours de soins coordonnés, l'accès à un gynécologue ou à une sage-femme est libre.

Pour les adultes, certaines pilules contraceptives, les implants contraceptifs, les dispositifs intra-utérins (DIU) ou stérilets et les diaphragmes sont remboursables par l'Assurance Maladie. Ils sont remboursés à 65%, sur prescription médicale.
Les contraceptifs suivants ne sont pas remboursés : les patchs contraceptifs, les anneaux vaginaux, les capes cervicales qui sont délivrés en pharmacie sur prescription médicale, les spermicides et les préservatifs féminins qui sont délivrés en pharmacie sans prescription médicale, les préservatifs masculins.

Les mineures peuvent bénéficier gratuitement et protégé par le secret d’une première consultation, d'une consultation de suivi lors de la première année de contraception et ensuite une fois par an d'une consultation avec un médecin ou une sage-femme, ainsi que de certains examens biologiques. Les contraceptifs qui seront prescrits seront également délivrés gratuitement en pharmacie, s'ils sont remboursables par l'Assurance Maladie.

Les centres de planification ou d'éducation familiale (CPEF) assurent aussi des consultations de contraception ainsi que des actions de prévention portant sur la sexualité et l'éducation.

2.2. Dans les assurances santé pour expatriés :

Chaque contrat peut déterminer les contraceptifs qu’il choisit de rembourser ou de ne pas rembourser, mais il est possible de regrouper les contrats selon leur origine :

Les contrats expatriés français :
Les mutuelles expatriés soumises à la règlementation française remboursent généralement les contraceptifs, selon les mêmes règles que la Sécu. L’avantage est que ça permet facilement de savoir quels sont les méthodes remboursées, l’inconvénient est que dans certains cas, ce n’est pas adapté aux habitudes du pays d’accueil. C’est notamment le cas pour les pilules contraceptives où chaque pays édite les règles qu’il souhaite. Certains contrats, prévoient donc des prestations complémentaires à ce niveau pour prendre en charge des produits qui ne seraient pas remboursés en France.

Les assurances expatriés internationales :
Tous les contrats expatriés internationaux que nous avons pu consulter excluent la prise en charge de tous les moyens de contraception. Le principe pour ces contrats est de ne couvrir que les frais liés à une maladie ou un accident, les actes de préventions ne sont donc pas couverts, à moins d’être expressément listés dans des garanties spécifiques regroupées sous le terme « wellbeing » et malheureusement, la contraception ne semble par faire partie du concept de « wellbeing ».

Les contrats locaux :
Les contrats locaux excluent généralement la contraception, pour les mêmes raisons que les contrats expatriés internationaux. Certaines règlementations locales peuvent prévoir une prise en charge par le régime publique, une gratuité ou obliger les assureurs à couvrir certaines méthodes. Dans ce cas, il faut se renseigner auprès d’un médecin local pour savoir quelles sont les contraceptifs qui peuvent être concernés.

Les contrats temporaires :
Il s’agit des contrats que l’on peut souscrire pour un voyage de 4 à 12 mois, un stage ou des études à l’étranger ou un PVT. Ces contrats étant par essence limités aux frais médicaux urgents, ils ne pourront par rembourser, ni les contraceptifs, ni les visites de prescriptions, ni les examens qui peuvent être liés.

 

3. La contraception pendant son expatriation :

3.1. Religion, culture VS contraception :

Souvent, lorsque l’on parle de contraception la religion et la culture n’ont pas les mêmes perspectives de l’utilité de la prise de contraception. Par exemple, les différentes Églises chrétiennes se sont positionnées contre la contraception pendant presque 2000 ans. Mais avec l’évolution, les attitudes ont progressivement évolué dans certaines branches du Christianisme. En effet, les protestants accordent une grande importance à la conscience indiv iduelle, donc un couple est responsable de sa fécondité et peut alors employer des contraceptifs. L’Église catholique, quant à elle, considère toute forme de contraception artificielle dans le mariage comme immorale, mais elle permet l’espacement des naissances par des méthodes « naturelles ». En revanche, elle n’interdit pas l’utilisation de la pilule pour raisons médicales. Les musulmans interdisent le sexe hors du mariage, mais la plupart des autorités religieuses, à l’exception des plus conservatrices, acceptent l’usage de contraceptifs pour les couples mariés. Le Judaïsme a une appréciation différente de la contraception, le Talmud autorise explicitement l’usage de contraceptifs dans certaines circonstances. L’un des principes influençant la question est que l’homme ne peut pas « gaspiller sa semence ».

Si les religions peuvent exercer une influence sur le positionnement de chacun quant à la contraception, d’autres facteurs culturels jouent tout autant. Effectivement, les décisions des autorités de chaque pays peuvent déterminer en partie l’opinion des indiv idus sur les moyens de contraception. Par exemple, les pilules utilisées sous le régime soviétique avaient mauvaise réputation à cause de leurs effets secondaires importants. Pour cette raison, les femmes de ces pays pourraient donc envisager d’autres méthodes en priorité si elles manquent d’information objective.

Concernant les représentations culturelles du corps féminin, certaines cultures accordent une place spécifique aux menstruations. Ainsi, les femmes qui en sont issues pourraient vouloir éviter les contraceptifs qui suppriment les règles si ces dernières sont vues comme purificatrices pour le corps. D’autres pourraient préférer les méthodes qui génèrent le moins de saignements irréguliers pour qu’ils ne surviennent pas lors d’une relation sexuelle.

3.2. La contraception en pratique :

Pour des voyages sur le long terme, la question du contraceptif peut être un véritable problème pour beaucoup de femmes. Les différentes méthodes adoptées par les pays découlent de traditions, de politiques, volontaristes ou non, en faveur ou en défaveur de telle ou telle contraception. Connaître ces variables aide à mieux anticiper son expatriation.

Aux Etats-Unis, pour obtenir un mois de traitement par pilule (environ 50$), il faudra, au préalable, obtenir un rendez-vous chez le médecin, qui vous délivrera une ordonnance. Cette visite coûte entre 40$ et peut aller jusqu'à 250$. Les femmes aux revenus modestes peuvent se tourner vers le Planned Parenthood (l’équivalent du planning familial).

D'autres pays, tels que l'Australie (15$), le Canada (17$), Hong Kong, la Corée du Sud (7$), le Japon (18$), le Mexique, l'Urugay, délivrent la pilule uniquement sur prescription médicale.
En revanche, pas besoin d'ordonnance en Argentine ou au Brésil. En Argentine, il est même possible d'obtenir gratuitement la pilule, dans les hôpitaux publics.


3.3. La contraception d’urgence : la pilule du lendemain.

Avant de partir, vous pouvez tout à fait acheter une pilule du lendemain, au cas où vous en auriez besoin en urgence. Si vous êtes en PVT dans un pays où elle n’est pas autorisée ou disponible facilement, elle pourra être utile. En France, la pilule du lendemain est remboursée à 65 % sous ordonnance et coûte entre 7 et 10 euros sans ordonnance ; elle est gratuite et sans ordonnance pour les mineures. En Belgique, la pilule du lendemain est remboursée à 100 % jusqu’à 21 ans et coûte environ 8 euros sans ordonnance.

3.4. Le préservatif

Dans certains pays, il peut être plus compliqué de trouver des préservatifs (de la bonne marque, à la bonne taille, sans latex…). Vous pouvez bien sûr faire un petit stock mais néanmoins, n’oubliez pas qu’il faut éviter de conserver les préservatifs trop longtemps sous des températures trop élevées, cela pourrait les endommager. Le préservatif féminin est encore plus difficile à trouver à l’étranger !


4. L’IVG, sujet sensible pour certain et premier moyen pour d’autre.

L'avortement à l'étranger peut être envisagé dans le cas d'une grossesse non désirée. Cependant, avant de prendre cette décision, il est important de connaître la législation en vigueur dans les différents pays, et les conditions de pratique d'une IVG. L’avortement, peut être pratiqué légalement dans la plupart des pays d'Europe. En général, le délai légal de l'IVG est de 12 semaines, mais peut atteindre 24 semaines dans certains pays et est interdite dans d'autres.

La législation et les démarches à entreprendre variant grandement d'un pays à l'autre, l'idéal est de se rapprocher du planning familial le plus proche de chez vous :
• Ils vous indiqueront les pays dans les lesquels l'IVG est encore possible en fonction de l'avancement de votre grossesse.
• Ils vous donneront une liste des cliniques « partenaires », dans lesquelles vous pourrez pratiquer l'IVG.
• Ils vous guideront sur les différentes démarches à entreprendre.

 

Pays

Délais

Conditions

Allemagne

14 semaines

Sur demande de la femme (pas plus de 12 semaines de grossesse)

Angleterre

24 semaines

Situation de détresse définie par la patiente elle-même

Autriche

4 mois

Sur demande de la femme

Belgique

14 semaines

Situation de détresse définie par la patiente elle-même

Chypre

 

Légale uniquement en cas de problème

Espagne

14 semaines. Mais en cas de malformation du fœtus c’est 22 semaines

Sur demande de la femme

Irlande

9 semaines

Légale depuis 2019

Italie

90 jours de grossesse

Si la grossesse présente un risque pour la santé physique ou la stabilité mentale/sociale de la mère

Malte

 

Illégale sauf si le fœtus est malformé ou en cas de viol

Pays-Bas

24 semaines

Si la femme s’estime être en situation de détresse

Pologne

 

Problème médicaux de la mère, anomalie du fœtus ou viol

Portugal

10 semaines

Sur demande de la femme

Slovénie

10 semaines

Sur demande de la femme

Suède

18 semaines

Sur demande de la femme

Suisse

12 semaines

Si la femme s’estime être en situation de détresse

 

En dehors de ce qui est prévu par la Loi, il faut également prendre en compte, ce qui sera réellement possible compte tenu des pressions culturelles ou religieuses : Est-ce que vous pourrez trouver un médecin qui validera la demande si c’est nécessaire ? Est-ce que vous pourrez trouver une clinique qui pratiquera l’intervention ? Est-ce que les délais pourront être respectés ?
Dans de nombreux pays, la notion d’IVG thérapeutique n’existe pas ou n’a rien à voir avec celle que l’on connait et de ce fait, les recherches d’anomalies fœtales ne sont même pas pratiquées au moment des échographies. C’est notamment cette pratique qui explique les conséquences si dramatiques du Zika au Brésil en 2016.
C’est un point à prendre en compte lorsqu’une grossesse survient à l’étranger.

 

Sources : INED, UN Department of Economic and Social Affairs, ameli.fr.

 

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