L'essentiel sur la prévoyance
Les expatriés s’assurent pour les frais médicaux car ils savent qu’une hospitalisation peut leur faire perdre des dizaines ou des centaines de milliers d’euros. Si vous êtes invalide demain, quels seront vos revenus jusqu'à votre 65ème anniversaire ? Combien allez-vous perdre ?
Pour un salarié français, la question ne se pose pas : il est couvert par la Sécurité Sociale et par l’assurance prévoyance que doit souscrire son employeur. En cas d’arrêt de travail ou d’invalidité, après la période de franchise de quelques jours, il percevra quasiment tout son salaire et ce, jusqu’à 65 ans. C’est une très bonne chose mais cela présente un inconvénient majeur : les français ne sont pas habitués à se poser la question de leurs revenus en cas d’arrêt de travail.
Pour un expatrié, généralement, la situation est très simple : il n’a aucune couverture ou au mieux une couverture en cas d’accident du travail si la règlementation locale l’impose.
Or les accidents du travail, pour les populations d’expatriés ne représentent qu’une part infime des invalidités (ils n’occupent généralement pas les emplois les plus dangereux). Si vous êtes expatriés et que vous êtes en incapacité de travailler il y a de fortes chances que vous vous retrouviez sans aucun revenus. Si la situation dure, elle peut devenir définitive et signifier que vous n’aurez alors plus aucun revenu professionnel jusqu’à la fin de vos jours. Votre seule solution sera alors de rentrer en France pour demander le RSA, soit environ 600 € / mois. Pas terrible comme avenir.
L’invalidité, ça n’arrive pas qu’aux autres et pas qu’à 60 ans. L’âge moyen des demandes d’invalidité en France est de 48 ans.
Chez les moins de 40 ans, les invalidités totales représentent 60% des cas. En dehors des troubles psychiatriques, les principales causes d’invalidité sont :
- Les maladies du système nerveux telles que les scléroses en plaques – 24% ;
- Les maladies du système ostéo-articulaire telles que les polyarthrites, les arthroses, les pathologies rachidiennes – 16% ;
- Les tumeurs – 12% ;
- Les accidents – 11% ;
- Les AVC – 9%.
La question se pose principalement en cas de décès et en présence d’enfants. En cas de décès d’un ou des deux parents, quels seront les moyens de subsistance des enfants ?
Dans des pays où les études supérieures sont payantes, comment pourront-ils financer leurs études ?
Là aussi, pour un salarié français, la question est souvent réglée par l’assurance prévoyance de l’employeur qui versera au moins 3 années de salaire et peut-être des rentes jusqu’à la fin de leurs études. Pour un expatrié, rien n’est généralement prévu, il faudra se couvrir volontairement.
Un expatrié qui est invalide à 40 ans alors qu’il gagnait 50000 € / an
perdra 1 250 000 €
Comme la décision d’équiper son habitation d’une alarme qui survient généralement après le premier cambriolage, dans plus de 1 cas sur 2, la décision de souscrire une assurance prévoyance est prise après un premier incident de santé.
Le problème est que, contrairement à l’alarme qui peut être posée dans une maison qui a déjà été cambriolée, les assurances prévoyance sont difficiles à souscrire après un incident de santé car elles ont toutes des questionnaires de santé.
Les cas les plus fréquents sont :
- après un léger AVC ;
- après l’ablation d’une tumeur maligne ;
- après le premier diagnostic d’une maladie à évolution lente (SEP, polyarthrite…) alors que les symptômes sont très légers ;
- après un premier arrêt de travail de plus de 30 jours.
La pathologie existante aura alors trois conséquences possibles :
- l’assureur refusera complètement d’assurer la personne ;
- l’assureur exclura la pathologie existante alors même que la personne veut souscrire pour la couvrir ;
- l’assureur acceptera de couvrir la pathologie existante mais majorera le tarif de 25, 50 ou 100%
Notre conseil est donc simple : la prévoyance est une garantie aussi importante que la santé. Quand vous définissez votre budget assurance santé, gardez de la place pour la prévoyance ; au moins 20%. Souscrivez les deux au même moment, sinon vous ne vous préoccuperez de la prévoyance qu’au moment où il sera trop tard.
Le principe est de verser un capital en cas de décès de l’assuré. Le capital est également versé en cas de perte totale et irréversible d’autonomie. Il s’agit là d’un état d’invalidité extrême où la personne invalide a besoin de l’assistance permanente d’une tierce personne.
Le montant du capital est fixé librement au moment de la mise en place du contrat. Le montant de la cotisation dépend directement du capital assuré. Assurer 200000 € coûte 2 fois plus cher que d’assurer 100000 €.
Si on prend comme repère les assurances entreprises pour les cadres français, on peut fixer le capital entre 2 et 3 fois le salaire annuel + 1 fois par enfant à charge. Pour un couple avec 2 enfants ou chacun gagne 60000 €, on pourrait faire un contrat pour chaque conjoint, garantissant 60000 x (2.5 + 2) = 270000 €.
Les options généralement proposées sont :
- Doublement de capital en cas de décès par accident : cette option ne coûte pas très chère car les décès par accident sont beaucoup moins nombreux que les décès par maladie.
- Rente éducation : il s’agit d’une rente qui sera versée annuellement aux enfants tant qu’ils étudieront. C’est plus facile à gérer qu’un gros capital. C’est intéressant pour des enfants de moins de 13 ans. Au-delà, le rapport garanties/prix n’est pas bon.
- Capital invalidité toute cause : cette option permet de verser un capital équivalent au capital décès pour une « simple invalidité » en cas d’accident ou de maladie. Le coût de cette option est très compétitif. Le rapport garanties/prix est excellent.
Dans les contrats français, l’assuré choisit un montant d’indemnité journalière qu’il percevra en cas d’incapacité de travail. Après 2 ans, l’indemnité journalière se transformera en rente invalidité d’un montant équivalent.
Le montant de cette indemnité doit être fixé en tenant compte des revenus actuels de l’assuré. Un assuré gagnant 3000 € par mois ne peut pas toucher une indemnité de 4000 € par mois car il s’agirait de ce que l’on appelle en assurance : un enrichissement sans cause. Les contrats prévoient toujours une clause de limitation comprise entre 70% et 100% des revenus professionnels réels au moment où se déclenche l’incapacité de travail.
Ainsi pour un assuré percevant un salaire de 5000 € / mois, le calcul sera : 5000 x 70% = 3500 € / mois, soit 117 € / jour.
Il faudra également choisir la franchise en jours. C’est le nombre de jours d’incapacité de travail qui ne seront pas couverts. La franchise la plus courte est de 30 jours. Plus la franchise est longue, plus le tarif baisse.
Notre conseil : prendre la franchise de 90 jours pour baisser les cotisations.
Il vaut mieux prendre un contrat avec une franchise à 90 jours que reporter sine die la souscription d’un contrat avec une franchise de 30 jours à cause du prix. Financièrement, le problème lié aux 3 premiers mois sans revenus est embêtant mais il est sans commune mesure avec celui de ne plus avoir de revenus pendant 20 ou 30 ans.
Dans les contrats anglais, on peut généralement avoir une franchise plus courte mais la prestation n’est versée que pendant 2 ans. Au bout de 2 ans, l’assureur verse le capital invalidité qui est prévu. Pour les moins de 45 ans, ce système est généralement bien moins avantageux que le système français.
La CFE propose également des garanties incapacité et invalidité pour les salariés. Elles couvrent 50% du salaire brut, jusqu’à 41000 € / an. Le coût de la garantie est relativement élevé mais l’adhésion se fait sans questionnaire de santé.